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Le Départ

Un rayon de soleil, aux premières lueurs de l’aurore, vient caresser la peau de sa joue, irradiant une chaleur toute relative dans sa chair endormie.

Le Marcheur entrouvre ses paupières, ébloui par cette clarté matinale que seules venaient assombrir les réminiscences d’un rêve dont la conclusion se ferait attendre à jamais.

 

Il est temps de partir.

 

Cette idée venait de percuter son esprit sans qu’il s’y soit attendu le moins du monde. Oui, il fallait partir, laisser derrière lui l’Hier pour entrer de plein pied l’Aujourd’hui. Le Maintenant.

 

Un coup d’œil panoramique au décor qui l’entoure. Beaucoup de souvenirs. Trop peut-être. Trop en tous cas pour partir sans rien regretter. Chaque objet de cette pièce projetait une aura qu’il pouvait presque palper, presque entendre tellement cette force était vive.

Comme des dizaines de personnes. Oui, tous ces objets semblaient posséder une âme, reflet d’une époque, reflet d’un moment, reflet d’une vie.

Comment laisser tout cela derrière lui ? Comment décider que garder, que détruire ? Tout ici avait de l’importance à ses yeux, le moindre papier, le moindre morceau de tissu imprégné du parfum d’une femme depuis longtemps oubliée.

Chaque objet était la matérialisation d’une part de sa vie. Et s’en séparer, cela revenait un peu à renier ces instants dont les objets étaient imprégnés comme d’une essence diffuse.

 

Et les objets de l’appeler de plus belle… « Non, ne part pas, tu n’es pas obligé de nous quitter. Reste, reste avec nous, revis à travers nous les bons moments que tu as vécu. Reste avec nous, tes amis. Tes seuls Amis. Tes vrais Amis… Pourquoi t’imposer un choix que tu ne désires pas ? Pourquoi te faire souffrir alors qu’il serait si facile de rester parmi nous ? »

 

Cette litanie. Encore. Toujours. Cela le rendait fou. Comme si ce n’était pas déjà assez difficile comme ça !

 

L’homme s’approche d’une petite commode de bois peint. De nombreux papiers épars accumulés depuis des temps immémoriaux forment un petit monticule jauni.

Des lettres. Destinataires divers. Nombreux en tous cas. Mais loin. Si loin… Impossible de mettre des visages sur ces noms griffonnés d’une main malhabile. Seulement des sensations. Des sons. Des odeurs. Des couleurs…

 

Inspirant profondément, le Marcheur prend la liasse et la laisse tomber dans un grand sac de plastique. Et au fur et à mesure que les feuilles de papier volent de façon désordonnée vers l’ouverture béante du sac, leur chant plaintif résonne dans la pièce. « Non, que fais-tu ? Tu ne peux nous tuer, tu ne peux te faire disparaître toi-même ! Récupère-nous, pose-nous contre ton cœur et ne te sépare plus jamais de nous ! »

 

Mais le Marcheur n’écoute plus. Il a fermé son âme aux appels incessants des objets. Au moins le temps d’accomplir son ouvrage.

 

Alors l’homme range, jette, tri, en essayant de ne pas se soucier de ce que murmurent les objets. Prendre, évaluer, jeter. Prendre, évaluer, jeter. Encore. Toujours. Jusqu’à ce qu’il ne lui reste que le strict minimum pour reprendre la route.

 

Il est midi passé quand le Marcheur reprend la route, un maigre baluchon sur le dos. A l’intérieur, quelques provisions anonymes. Rien d’autre. Pas d’objets.

 

Au détour d’une ruelle sombre, au fond d’un container de métal, les objets chantent et chantent encore leur sombre litanie, inconscients du fait qu’il n’y a personne pour les écouter.

Les objets chantent. Ils chantent et chanteront encore pour l’éternité, parmi d’autres objets, reflets d’autres vies, ces vies qui au travers de l’existence de ces choses se mêlent à jamais. Histoire de nos actes, histoire de nos vies. Bien longtemps après que nous soyons retournés à l’état de poussière, ces objets continueront de se raconter nos histoires, témoins éternels de nos éphémères existences.

 

Souvenirs.

 

Ecrit par Yamael, le Dimanche 30 Novembre 2003, 12:53 dans la rubrique "La Quête".

Commentaires :

Shadedly
Shadedly
02-12-03 à 22:55

ah ma ptit plume à moi... J'aime comme toujours bzou'x choux