Douleur…
Ce soir, je suis allé chez toubib. Il est gentil toubib, il m’écoute.
On a beaucoup parlé, de ce que je ressens, du fait que j’ai réagi assez mal aux anti-dépresseurs… Et petit à petit, on en est arrivé à toucher à des problèmes de fond, des choses enfouies en moi comme un fossile sous plusieurs mètres de sédiments. Mais même si tout ça est caché, c’est quand même là. Et ça ressort au moment voulu…
Flash-back… novembre 1998.
Je suis seul dans ma chambre. Il fait noir. Je n’arrive pas à dormir. Trop chaud, même si dehors il gèle.
Des bruits de pas dans le couloir. Disputes, cris. Pleurs. Douleur.
Une porte qui claque, un bruit sourd.
Je ne sais pas ce que c’est. J’ai peur.
Un rayon de lumière qui pénètre dans ma chambre, et vient me frapper le visage, m’éblouissant comme une lame d’acier qui me trancherait net. Proprement, un geste chirurgical.
Dans la lumière, une ombre.
Mon père.
Il pleure.
Je commate. J’arrive pas à me rendre compte de ce qui se passe.
Et puis les mots tombent.
« Maman est partie »
Retour vers le futur… novembre 2003.
Tout va mal. Je perds pieds. Tout tourne, tout est trop réel, trop dur.
Je pense.
J’ai cassé avec ma copine, il n’y a pas si longtemps. Je sais pas pourquoi. Comme ça. Il fallait que je le fasse.
Et vous. Vous qui me disiez alors « mais pourquoi fuis-tu les femmes, Yamaël ? »
La réponse s’impose à moi comme un camion lancé à plein régime. Je suis passé à côté tout ce temps. Ou plutôt, j’ai voulu passer à côté. Je me suis dit que quelque part, l’amour m’empêcherait de regarder la vérité en face. Que je pourrai m’y réfugier, y trouver ce que j’ai perdu il y a cinq ans.
Quand j’y repense, toutes mes relations sentimentales ne sont que des copies l’une de l’autre. Des copies de ce que je ressentais pour ma mère. En chacune des filles, puis des femmes, que j’ai aimées, j’aimais ma mère. Je l’aimais pour ne pas pouvoir la détester. On ne peut pas détester sa maman. C’est horrible, c’est moche. Mais quelque part, plus je l’aimais à travers elles, plus je la détestais de ne pas ETRE elles, d’être partie. Sans rien dire. Sans rien ME dire.
Tout colle, toutes les pièces du puzzle sont désormais assemblées. Ou presque.
Ce désir de protection. Ce besoin de protection, parce que le désir n’est que le reflet du besoin. Je l’ai cherché tout ce temps. Chez les femmes. Chez les hommes, même si c’était différent, à travers leur amitié pour les seconds, leur amour pour les premières. J’ai toujours eu besoin de ce refuge, de savoir que quelqu’un m’attendais. Que quelqu’un pensait à moi. Que ma mère pensait à moi, aussi.
Mais la vie est ainsi faite, on ne peut pas transposer les gens comme ça. Alors comme je vois à chaque fois que la protection du giron maternel ne peut m’être offert par une autre, je détruis. Je salope tout ce que je peux, je crache à la gueule des gens qui m’aiment, pour ne pas un jour devoir re-subir tout ça, devoir être rejeté une seconde fois… Je fous en l’air la plus petite ébauche de relation avant de pousser plus avant et de m’apercevoir que je me suis trompé, que ce n’est pas ma maman, c’est une autre…
Douleur. Douleur d’être ce que je suis, douleur de savoir ce que je sais. Seul, on est si bien. Pas de maman potentielle à aimer, puis à détester. Mais du danger. Beaucoup de danger, parce que seul on est vulnérable, on n’a personne pour panser ses petits bobos. Personne pour vous rassurer quand vous prenez les transports en communs, pour vous cacher au regard de tous ces inconnus.
Complexe d’Œdipe poussé à l’extrême ? Oui. Je le revendique. J’étais fol amoureux. Et la vie m’a enlevé mon Amour, elle m’a arraché la femme de ma vie sans que j’aie eu le temps de dire ce que je voulais dire, sans avoir le temps de faire ce que je voulais faire.
Tellement froid…
Tellement mal.
Désir intense de fin de souffrance…
Mal.
Quel jour est-on ?
Le 21 novembre 1998.
Commentaires :
Manouch
éh bien yaya...
Bizzzzzzzzzzzzzzzzzz