Allez, je m'offre un petit joker, afin de vous faire partager une découverte. En rangeant ma chambre (ça m'arrive trop peu souvent, d'où des découvertes impressionnantes à chaque fois), je suis retombé sur un cahier dans lequel j'écrivais mes pensées quand j'étais plus jeune. Le premier texte date de mes 16 ans, le dernier de mes 18... Ahhh, c'est tellement étrange l'effet que ça fait de relire tout ça...
Je ne résiste pas à l'envie de vous donner un aperçu. J'ai volontairement gardé le style et les fautes du texte original.
"J'entre dans la salle. Immédiatement, la fumée emprisonnée dans la pièce me prend à la gorge. Je me sens bien, je suis dans mon élément. Au fut et à mesure que j'avance, à chaque pas, Yamaël prend le pas sur Olivier. Je me sens de plus en plus fort, de plus en plus sûr de moi... C'est ma soirée, et je le sais...
Les jeux de lumière, le stroboscope, les décibels, tout vient à l'assaut de mes sens. Ici, j'existe en tant qu'individu, je ne suis plus l'Olivier timide, intello, celui que tout le monde connait. Ici, mes actions n'auront aucune conséquence à long terme, je peux enfin me laisser pénétrer par tous les sentiments que je refoule d'habitude, la peur et la honte m'ont quitté.
Sur la piste, une vingtaine de personnes danse au rythme d'une musique techno endiablée. Je m'attendais à beaucoup plus de monde, mais c'est tant mieux. Ce soir, je suis le roi, rien ne me résiste. Il n'y a personne sur mon chemin.
Je traverse la salle, doucement, et cet univers me paraît irréel: l'odeur, la pression, la lumière, le son, tout ici est différent du reste du monde. C'est le monde de la nuit, un monde où tout le monde est comme moi, dans la même situation. Le passé n'a pas son mot ici, seul compte le présent, un présent où j'existe à part entière. Yamaël peut enfin s'exprimer, il n'est pas enfermé comme d'habitude, il est libre, libre d'agir et de penser. Ce soir, tout est possible, tout est si simple!
En face, le bar. Dix francs, une bière, et je retourne sur mon siège, profitant avec délectation de chacun de mes pas.
Au fur et à mesure que l'alcool prend possession de mon esprit, me libère des dernières barrières de la honte et de la pudeur, je m'imprègne peu à peu du rythme de la musique. Chacun de mes mouvements fini par être calqué sur le beat. C'est la symbiose totale entre cette musique, mon corps, et mon esprit.
Sur la piste, un groupe de filles. Seize, dix-sept ans tout au plus. Depuis dix minutes, une d'elles attire mon regard comme un aimant. Sa queue de cheval, pas trop tendue, son sweat blanc, son jean délavé, lui confèrent une beauté légèrement négligée qui me fait craquer.
Mû par une puissance incontrôlable, je me lève, et me dirige vers la piste. Je ne sais pas danser, mais c'est pas grave. Ici, personne ne sait danser.
Trente secondes, et les filles se dirigent vers moi. Plus question de reculer, il est beaucoup trop tard.
Tout à coup, elles s'accrochent à moi, et commencent à m'allumer. Y'a pas d'autre mot. Est-ce-qu'elles se moquent de moi? Est-ce-qu'elles sont bourrées? Peu importe. Pou Yamaël, elles sont franches et lucides, et c'est Yamaël qui contrôle ce soir, Olivier est battu depuis bien longtemps.
Il suffit d'une danse, et le charme agit. Depuis, le souvenir de cette fille reste ancré dans mon esprit. J'ai beaucoup changé, en bien ou en mal, je m'en fous. J'ai découvert ce soir là une chose que je ne connaissais pas: la vie..."
Héhé. Bon, aujourd'hui, relire tout ça me fait rire aux éclats. Mais à l'époque, je crois me souvenir que ça me faisais plus mal qu'autre chose lol. En fait, ce texte a été écrit le lendemain d'une soirée lors de laquelle j'étais allé à une soirée dansante, à la salle des fêtes du village dans lequel j'habitais alors. J'avais énormément bu ce soir là, et comme c'était la première fois, je n'étais plus moi (déjà à cette époque, la double personnalité Olivier / Yamaël...). Je me rappelle que j'avais énormément de mal à tenir sur mes pieds après cette soirée, mon petit frère a dû me ramener à la maison limite en me portant lol, j'étais totalement fini... Pour la petite anecdote, me suis même mis torse nu au milieu de la piste. Arrrrggllll, ça me descend de repenser que j'ai pu faire ça!!! L'alcool a parfois des effets étranges, surtout sur les timides lol.
N'empêche, je me la jouais pas mal à cette époque. "Ce soir je suis le roi"... Mais finalement, c'était peut-être une tentative désespérée de lutter contre le complexe d'infériorité qui me poursuit chaque jour. Je ne sais pas. C'est si loin tout ça.
Si vous voulez connaître la suite, je n'ai jamais revu cette fille, et deux semaines plus tard je n'y pensais même plus. Ephémères relations...
Bon, vous n'en avez pas encore trop marre? Allez, on s'en fait un petit deuxième.
"Dix secondes...
Dix secondes. Il n'avait pas fallu dix secondes pour que ce soit le flash, entre ces deux êtres qui ne savaient rien l'un de l'autre, qui n'étaient sûrs de rien, sauf qu'ils étaient fait l'un pour l'autre.
Ils s'étaient rencontrés la veille, et la magie opérait toujours aujourd'hui, par cette chaude nuit de Juillet. Toujours ces yeux, ces miroirs qui ne leur révélait pas leur visage, mais celui de l'autre. Toujours ces infinies distances qui se réduisent à néant en un sourire. Toujours ces écrans qui leur cachait le reste du monde. Quand ils étaient ensemble, même les galaxies les plus lointaines semblaient familières...
Les étoiles étaient si belles, ils étaient si bien. Déjà, des projets insensés leurs venaient à l'esprit. Mariage, foyer, enfants... Ils vivraient heureux, ils en avaient fait le serment 24h auparavant.
Mais pour l'instant, une ombre planait dans le bonheur de ce jeune couple d'adolescents. Les minutes qui les séparaient de l'heure fatidique s'écoulaient inexorablement. A minuit, ils devraient se séparer, agrandir à nouveau ces distances pourtant insupportables.
Mais ce n'était pas pour toujours, oh que non! Le lendemain, ils se reverraient, toujours plus amoureux l'un de l'autre. Ils seraient à nouveau ensembles...
Le bip de la montre de Yamaël vint percuter son esprit comme l'anonce d'une sentence dont il aurait voulu oublier l'existence. Pourtant, il se leva, mû par une force qui dépassait celle de sa volonté. Une minute de retard, la plus petite minute, et c'en serait fini de leur relation. Ses parents avaient assez d'influence pour détruire à jamais son rêve, il le savait...
Lentement, sans se retourner, il fit quelques pas en arrière. Les mains se délièrent. Leurs yeux embués de larmes ne pouvaient se détacher de la vision angélique que l'Autre leur offrait.
Encore quelques pas... dix... neuf... un bruit de moteur à plein régime résonne au loin... huit... le bord du trottoir sous ses pieds... sept... des phares... six... cinq... le choc... quatre... le corps de Yamaël est projeté contre un mur en béton... trois... le jeune garçon baigne dans son sang, sur le trottoir... deux... un... une respiration pénible... zéro.
Une vie en dix secondes. Un amour en dix secondes. Leur bonheur en dix secondes. Dix secondes..."
Alors là... Là c'est dur. Ce texte a été écrit pas tellement longtemps après le précédent. Je venais de vivre ma première vraie confrontation à la mort, pas la mort "naturelle", "de vieillesse", la mort par accident. Une de mes amies était partie avec ses parents faire un voyage en Espagne. Sur le trajet, sur l'autoroute, leur véhicule a été percuté par un ivrogne qui roulait en sens inverse. Elle et sa famille ont perdu la vie dans l'accident.
Je n'ai aucune idée, aujourd'hui encore, des raisons qui m'ont fait ainsi transposer l'évènement. Peut-être prendre conscience de son décès était trop dur, alors je reportais le drame sur moi, au travers de Yamaël... En tous cas, en relisant ce texte, une foule de sensation s'empare de moi, mais je ne prendrai pas le risque de les transposer par écrit. Il est des choses qui doivent rester quelque part au fond de notre coeur...
Voilà, j'en ai encore plein, mais l'article risque de ressembler au cahier si je continue, c'est à dire être beaucoup trop long. A l'occasion, je vous ferai peut-être partager encore les pensées du jeune Olivier. Mais pour l'instant, il est temps de vous laisser continuer votre voyage virtuel.
Bises,
Olivier
Commentaires :
Re: kikou j'ai enfin trouvé l'appart de mes rêves
Héhé, je suis super content Manouch ;o) Excuse-moi, je viens plus sur MSN ces temps-ci, mais ça me saoulait un peu de ne faire que ça de mes soirées. Bises, et bonne chance pour demain!
Re: Re: kikou j'ai enfin trouvé l'appart de mes rêves
Aller porte toi bien bisous
Moi aussi j'avais cette sorte de carnet de voyage, lorsque j'étais plus jeune, qui me suivait partout et où je transcrivais toutes mes émotions. Je ne sais pas ce qu'il est devenu au cours de mes pérégrinations. Ou est il passé ? où l'ai-je laissé ? Qui l'a lu ? C'est angoissant de relire des textes que l'on a écrit, il y a des années. De s'apercevoir que décidément, malgré les rêves, on est toujours les mêmes. Ne te moque pas de celui que tu étais avant.
Je crois que se sentir bien, c'est faire la paix avec celui dans la peau de qui on a tellement souffert. J'ai été longtemps complexée moi aussi...grosse, puis maigre pas de seins...il y a toujours un truc en toi qui ne plait pas aux autres. Je me sentai comme la nana d'extra large...(le film avec gwineth paltrow) Pas mal à l'extérieur mais un vrai boudin à l'intérieur. je omprenai pas pourquoi on se retournait sur moi. Ca va mieux maintenant. Ma nana m'a donné un coup de vieux... bisous Yam ;o)
Manouch
kikou j'ai enfin trouvé l'appart de mes rêves
Bon rien n'est encore signé mais c'est à voir lundi...en tous cas vivement la suite de la vie du ptit Olivier ;-p.
C'est trop bien écrit...tu as un style bien particulier...on va dire qu'il est classe ton style d'écriture...le mien est ptèt plus populasse ;-p
Bisous