Il est dans mon cœur un havre de paix, auquel je rêve chaque jour qu'il m'est donné de vivre.
Oh, rien de bien fantastique, juste une petite cabane au bord d'une rivière où coule une eau limpide comme le cristal, au milieu d'une terre sauvage vierge de toute profanation de la main de l'homme.
C'est en ce lieu que chaque nuit mon âme vient trouver refuge. Que n'ai-je mené de batailles, combien de combats l'arme au poing ont été nécessaires pour qu'enfin j'estime à sa juste valeur ce lieu enchanteur!
Posant épée et armure au pied de l'âtre dans lequel flamboie ma flamme de vie, je m'assoie sur le sol de pierre, écoutant avec ferveur la voix de ma douce panser mes plaies de sa voix de velours. Calmement, avec une volupté qu'elle seule sait trouver, elle chante les récits de nos épiques batailles. Mais porté par le son de sa voix, le fracas des armes devient une brise automnale, les armes elles même deviennent des fleurs que se lancent avec grâce les chérubins du Paradis. Elle absorbe le mal, pour le changer en un nectar dont elle seule a la recette…
Et à mesure que sa voix déroule le fil de notre histoire, mes yeux se ferment. Au fond de moi, je sais que c'est la fin. J'ai mené bien des batailles, tranché net la ligne de vie de bien des hommes, mais ce soir je dois payer mon tribut à la vie.
Mais rien n'a d'importance. Ce soir, je m'endors dans les bras de ma belle. Et tandis que ses larmes coulent doucement sur mon visage tuméfié, je sens l'ultime soupir quitter mon cœur et mon corps.
Mais je suis en paix. Car dans les bras de celle que j'aime, la mort a le goût sucré de la vie.